De Wallonie à la Flandre, du vert de chez moi au jaune du sable, des journées de travail à celles du repos ...
Philippe est en congé, et nous allons, chargés de livres nous étendre au soleil si, il vient ... nous jouerons aux cartes, quelques bons vins boirons, ressortirons le scrabble étalerons nos mots, et nous promènerons nos corps alanguis aux rues où le flamand se parle ...
Quelques beaux jours nous feront bien la grâce d'un ciel bleu, sans trop de vent où à loisir nous végéterons sans peur du grain de sable qui là-bas, fait légion ...
J'aime profiter de ces aller-retour qui trop peu nombreux, agrémentent néanmoins les beaux mois de l'année, là-bas, je suis une autre et cependant la même, ma vie est différente, mes journées faites de présence m'occupent autrement l'esprit, toujours j'observe, mais le sujet change, le vent n'a pas la même voix, le chant des arbres se mute en chant des eaux, l'iode de l'air remplace la chlorophylle des végétaux, à force d'habitudes, j'ai le besoin des deux, le moi d'ici et le moi de La Panne qui font que je suis moi !
Aller et venir au c½ur de soi-même, pour tenter de comprendre le monde ...
Je reviendrai !

Celui de la Grèce qui s'installe au démérite de sa gestion dans la misère pour son peuple, celui du climat qui ravage les côtes du sud de la France, le temps des pompes à pétrole qui inondent d'or noir l'océan par manque de maintenance, le temps des riches qui exploitent les pauvres, le temps de la finance qui méprise les travailleurs, le temps des forts qui l'emporte sur le temps des faibles ... n'aura qu'un temps, car tout temps passe ...
A quand, le temps s'il arrive jamais, du bonheur des hommes ?
N'aurais-je tant vécu que pour cette infamie ? nous rimait Corneille ... C'était le temps de l'honneur qui motivait le courage des hommes à ne pas se laisser faire ...
Le temps nous avait endormi des illusions aujourd'hui perdues qui nous donnaient à penser que réussir dans la vie était un but en soi, ce temps nous a trompé nous égarant à la course folle du time is money, le réveil est bien dur et mal nous est donné de quitter l'oreiller du rêve si tentant du tout pouvant s'acheter ... Beaucoup ont sacrifié le temps de leur vie à la chaîne qui les entrave, amasser les sous pour paraître au monde des grands, d'autres ont triché sans se soucier des perdants, beaucoup trop ont dirigé sans humanité, ce sont toujours les mêmes qui paient ...
A quand viendra leur temps, s'il arrive jamais ?
Le temps d'une vie qui nous est donné, nous est libre à choisir entre le temps des modes et le temps qui nous est pendant, Candide de Voltaire a beaucoup voyagé en son temps, il a tout vu, tout souffert, jusqu'à ce qu'il trouve son bonheur en cultivant son jardin ...
Ne soyons pas les victimes du temps, prenons le temps de vivre, de nous épanouir aux jardins nombreux qui sont nos destinées ...
Puisque le temps ne fait que passer !

A proprement parler, ne m'appartient pas ... Il est une bande boisée qui me sépare du terril et que j'entretiens pour éviter que ronces et herbes « mauvaises » n'envahissent mon jardin ...
Je les laisse cependant monter à hauteur raisonnable, histoire de permettre aux insectes de proliférer, aux abeilles de se nourrir des saveurs florales qui sauvagement prennent place, aux rongeurs d'y nicher, à la vie de s'étendre aux limites que je lui donne !
Ces limites sont nécessaires, tant le terrain est fertile en souches d'arbres de tous les genres : aubépine, bouleau, noisetier, noyer, prunier ... qu'il faut contrôler ! Ronces, liserons, pissenlits avoisinent les fraisiers sauvages, les hyacinthes des bois, le tout se baignant aux herbes folles qui gambergent aux vents tournants s'amusant à les semer ...
Voici venu le jour du grand ménage, trier le bon grain de l'ivraie, veiller comme dans la vie à ne pas piétiner l'essentiel, laisser en place la mesure des choses, savoir reconnaître le chardon et le regarder grandir pour qu'à l'été vienne chanter le chardonneret ...
Il fait un peu froid, mai n'est pas encore à la hauteur de ses promesses, je me couvre bien, je saisis mes outils et j'y vais accompagnée de la grive musicienne qui me gave de ses notes ...

Tout chante, c'est le mois de mai !

On ne transgresse pas !
Ni les lois, ni la nature, ni la morale, ni les religions ...
Puisque les lois sont établies après avoir été pensées pour poser des paix sociales et sécuritaires, visant parfois à la solidarité entre les classes et les genres ... Il est bon que chacun s'y soumette et les observe à la lettre . Pourtant il advient que certains interprètent les mots de la loi, créant des horizons nouveaux à sa compréhension, induisant des jurisprudences qui petit à petit transgressent l'esprit initial de la loi, faisant évoluer le code au prorata d'une justice qui se dessine au fil du temps des sociétés qui s'élaborent jours après jour .
La nature est ainsi faite, qu'elle permet à la vie de s'écouler paisible nourrissant ses membres sans faillir, qu'il faut lui être reconnaissant des bienfaits donnés sans contre partie, et vivre avec elle en symbiose de sa générosité et juste avons nous à respecter son équilibre dans le souci des générations à venir ... Cependant, la nature est cruelle et s'acharne en aveugle à posséder l'espace qu'elle ne peut concéder d'après sa nature ... Les espèces ont donc dû pour survivre en intelligence avec elle transgresser bon nombre de ses lois, l'observant pour mieux la comprendre l'homme a appris la science et développé des techniques lui permettant de gagner en santé et en longévité de l'espace à la nature .
Toute morale est à transgresser ! Provenant des traditions de vie, dépendant des m½urs établis, nous resterions figés si nous n'osions prétendre à l'évolution, nous en serions encore à nous soumettre aux tendances de jadis qui niaient l'égalité des classes, des genres, des sexes, des origines, mais cela doit se faire en progression des connaissances nouvellement acquises, pas à pas avec la pensée qui libère l'homme de ses tabous ...
Et donc de ses religions ... réponses que se donnaient les hommes ignorant encore qu'on pouvait observer et comprendre un monde en évolution permanente ...
Ces transgressions n'ont jamais été source d'anarchie, elles sont parties prenantes de réflexions qui participent de l'homme désireux de vivre bien en société ...