Gorian trouvait drôle de m'offrir un livre dont l'histoire prend ses sources à Binche (ma ville) pour se terminer à la côte entre Coxyde et Bray-Dunes (mon lieu de villégiature) !

Un vrai livre à lire en vacances, mais qui tient en haleine la lectrice que je suis, pour la description précise des endroits connus dès mon enfance et qui rejoignent ceux qu'encore j'ai à découvrir dans cet univers de dunes que j'aime à arpenter ...

Ce genre de familles (centre du roman) ressemble à s'y méprendre à celles qui ont bercé mon jeune âge, ces familles binchoises éprises de leur carnaval, le nombril de leur existence, ces familles de mineurs pauvres qui ont sorti des entrailles de la terre, au péril de leur santé, de leur vie, ce charbon faiseur de richesses pour les autres,  ces familles de tailleurs qui coupaient et assemblaient les parures des riches, de l'atelier en journée jusque tard dans la nuit chez eux, ... et qui ont voulu pour leurs enfants une toute autre destinée ...

Ainsi en est-il du voyage des personnages qui nous font visiter l'aventure d'un siècle où se bousculent les émotions, les querelles de l'évolution humaine, de volonté contre la fatalité, une réflexion sur le tragique des vies ...

merci Gorian 

A la terrasse d'un café parisien, un fou de dieu se fait sauter ! Parmi les morts gît Charlotte enceinte d'Isis, elles faisaient toutes deux le bonheur de Karim ! Comment peut-on survivre à cela ? lui, le musulman non pratiquant, parfaitement intégré au mode de vie occidental, ne connaissant ni tradition, ni religion, ni haine ... Comment peut-il entrevoir la vie désormais ? Par la vengeance peut-être ? Aller là-bas dans les ruines d'Alep et tenter si, il y arrive de supprimer l'un des chefs de ces nombreux embrigadements de jeunes naïfs rêvant de gloire ou d'identité ... Nous apprenons les horreurs du périple, la désolation, les lavages de cerveaux, l'isolation, l'anéantissement total de toute trace de culture, la haine à l'état pur qui prend toute la place ainsi libérée dans ces têtes vidées . Réussira-t-il à ne pas ressembler aux bourreaux ? Dur, dur à lire, mais à conseiller pour tous ceux qui voudraient comprendre le pourquoi et le comment des "crimes" dont nous pourrions être victimes ...

Première lecture en juillet 2001 de ce livre écrit et publié en 1985 que j'avais oublié dans un rang de la bibliothèque ... La mort de J. d'Ormesson m'a donné l'envie de lire, ainsi que je vous en ai fait part, plusieurs de ses écrits .  Loin encore de tout avoir découvert, j'en suis revenue à "Le vent du soir" qui se conte comme une histoire dans l'Histoire, (l'auteur aime ça !) nous  rappelant des faits vécus dans le monde par des familles aux origines illustres datant du 18 ième siècle à la fin de la guerre 14-18 .

Il semble bien que l'Histoire réitère, comme le mouvement d'un balancier, les événements, les crises, les espérances,  les désillusions ...

" On dirait que pour chacun de nous la vie se répète indéfiniment et que, succès ou échecs, nous retombons toujours dans les mêmes ornières de notre existence, qui ne sont rien d'autre que nous-mêmes et la cumulation de nos défauts et de nos qualités ."

"Mais aucune théorie, si séduisante soit-elle, n'est capable, une fois pour toutes, de cerner le monde et les êtres ."

Je prends de plus en plus plaisir à le lire !

J'ai dévoré des yeux et des méninges tous les Harry Potter au fur et à mesure de leur parution, prise dans l'engrenage de la faconde captivante de l'auteure .

Ce fut pareil avec ce roman .

Dans un bourg aux aspects édéniques, la mort d'un notable laisse vacante une place qui est à prendre, faisant éclore bien des convoitises ... révélant tantôt avec humour, tantôt tragiquement les moeurs, les hypocrisies dont sont capables les humains ...

Le meilleur comme le pire 

Loin de la sorcellerie, l'école de la vie s'y décline avec talent .

Toutes les vies ont leur histoire .

Toutes les familles sont des histoires entrecroisées .

Tous les arbres sont des vies à qui parfois les familles content leurs histoires ...

Et Paris, sous la pluie continue, se noie dans la Seine qui déborde.

Paris qui réunit la famille Malegarde pour fêter les septante ans du père, l'emprisonne dans sa crue ...

Paris s'éteint, submergée de ces fluides sortant des égouts, aux relents des égoismes contemporains, indifférents aux cris de la nature ...

Confrontés à cet espace clos, parents et enfants s'ouvriront les uns aux autres, osant devant le péril se déshabiller l'âme ...

Et l'arbre aimé du père libère son secret !