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Il me fallait conjurer le sort, ces vacances à la mer ajournées, l’état général de Philippe tout patraque, la déprime aurait pu avoir raison de moi si …je n’étais pas moi …
Pull sur pull sous manteau, surpantalon sur pantalon, armée de ma fourche, bravant le vent glacial, j’ai forcé cette terre à s’ouvrir malgré elle qui se refusait aux assauts de ma fourche comme une femme qui dit non, je l’ai « violé », forcé ses entrailles, et au fil des heures j’allais la dominer et la rendre légère, lui donnant un avant-goût de printemps, réchauffant sa texture, la préparant à l’ensemencement …
Trois jours et demi durant nous avons, elle et moi vécu en osmose, se libérant ensemble des torpeurs où nous plonge le monde, fuyant les turpitudes d’un hiver sans fin, faisant comme si tout « ira mieux demain », rêvant de tendresse au feuillage des salades, aux tomates rougissantes sous un soleil à venir, croquant la carotte au passage, respirant le persil qui reste à semer …
Patate, que ça m’a fait du bien !
La terre est retournée, un duvet lisse et droit la recouvre, elle offre tout un spectacle à elle seule, elle et moi allons bien, Philippe s’en remet doucement, demain peut-être irons-nous à la mer …
Papa, tu peux être fier de ta fille !
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