Jadis, quand j'étais petite fille, cette fête était synonyme de froid, chacun étrennait ses vêtements d'hiver pour aller visiter ses morts au cimetière ; maintenant que glissent les saisons vers un climat plus indulgent, c'est habillés de vestiges d'été que nous commémorons nos morts . Quand je dis nous, je veux dire les autres ; parce que je ne cultive pas cette mode commerciale qui fait dépenser ses sous à celui qui craint le jugement social en ne participant pas à la fête . Depuis que nous sommes mariés, Philippe et moi, jamais nous n'avons souscrit à cette mode, pourtant nous avons vécu la mort de parents ou d'amis qui suffisamment proches de nous , nous fait déplorer leur absence . Notre approche de la mort est bien différente, nous gardons en mémoire la vie de ces êtres aimés, ils continuent de participer à notre présent, en stimulant nos efforts comme une émulation constante . Puisque amour il y avait, la raison de ce sentiment perdure après la fuite de la vie, tous les actes que nous avions à accomplir en raison de cette relation vis-à-vis de la personne aimée, sont toujours d'actualité, la relation qui existe entre des êtres susceptibles de sentiments réciproques, tend à la réalisation de l'individu, (je t'aime parce que tu m'aides à me réaliser et vice versa) ; alors donc, rien ne justifie cet acharnement à la souffrance qui voudrait qu'une fois l'an, on s'habille le corps et le c½ur de deuil pour aller colorer de fleurs hivernales ces lieux mortuaires que sont les cimetières . Je préfère de loin vivre au jour le jour, comme s'ils étaient encore en vie, en leur donnant l'âge du temps où ils étaient bien ; les faire évoluer dans un espace qui n'est plus le leur, mais qui est encore le mien .
ET TANT QUE JE SERAI, ILS SERONT ...