Enfin, malgré le froid il est possible de travailler la terre, jamais je n'ai été aussi tardive ... Cela fait deux jours que je bêche du matin à la fin de l'après-midi, non stop ... je suis à la moitié du labeur à fournir, mais quel plaisir, de pouvoir se dire cette année encore j'en suis capable, les années passent et comme le prétend Philippe il y aura un jour où il faudra bien faire de tout cet espace une pelouse ...
Je ne peux m'y résoudre, parce que j'aime offrir à ma table des mets façonnés aux saveurs du tout frais, parce que ces produits sont cultivés avec amour, parce qu'ils sont sans engrais, si ce n'est mon compost, parce que quand je les cuisine, me reviennent en mémoire tous les efforts fournis dans le plaisir pour assister à leur naissance, parce que je prends un immense plaisir à jouer de la terre, à la faire mienne par sueurs interposées, parce que cela m'évite les régimes traditionnels auxquels s'adonnent bien des gens à la sortie de l'hiver, parce que cela me remémore papa dont c'était aussi le hobby et qui m'en a donné le goût, parce que quand je suis au jardin, le roi n'est pas mon cousin, je trône là au-milieu des oiseaux qui chantent, de mes chats qui sommeillent d'un ½il, prompts à me surveiller de l'autre, parce que cette année les fleurs toutes ouvertes m'engagent à plus de prouesses encore, parce que j'aime me faire plaisir sans honte et sans vergogne, parce que demain Tybalt mon petit fils pourra savourer fruits et légumes ayant poussé au jardin de Marie-Claude !