Nous finissions de dîner, la vaisselle était rangée, timidement elle me dit « j'aimerais bien revoir ma rue, mon ancienne maison ... »
Oh maman, jamais je ne fus si vite prête, pantalon enfilé, chaussures aux pieds, ton manteau sur le dos, un foulard coiffé à ta demande, pour éviter les affres du vent ... et nous voilà parties à la redécouverte de ce monde qui était le tien, que tu as quitté depuis sept ans, et qui selon toi a bien changé ... Mais tu le trouves beau de cette beauté sensorielle mue par la mémoire des lieux et des gens que jadis tu côtoyais, et tu me parles tandis que je te pousse, tu me dis vas par-là, attention aux voitures, qu'est devenue celle-ci qui ..., comme cette façade est changée ... Nous sommes dans ta rue, nous ne voyons personne, pourtant le soleil éclabousse l'endroit, mais les temps aussi ont changé, plus personne désormais ne vit en rue, les portes sont closes sur un passé perdu ... Alors tu me dis allons au cimetière, et moi qui n'y vais jamais, je franchis les grilles ouvertes et je t'arrête de tombe en tombe, tu me parles de ces morts qui ont peuplé ta vie quand tu étais jeune, quand tu étais libre d'aller à ton gré au monde des vivants ...
Il n'y a pas de nostalgie en toi, juste une promenade au-travers du temps ... Tu es belle dans ce retour au passé, tu vis la beauté du moment et tu ris du bonheur du souvenir ...
Tu es heureuse de revoir la maison qui fut tienne, qu'avec papa tu as construit, où vous nous avez élevés tous les six ...
merci du partage