• Vers la gare des GuilleminsDEMAIN, JE PRENDS LE TRAIN …

    Je remonterai le temps pour atteindre

    Le temps de ma jeunesse « Les Golden sixties »

    Ces années-là 

    Qui me virent hésitante des choix à faire,

    Troublée des émotions naissantes,

    Bercée par des musiques yéyés

    DEMAIN, JE PRENDS LE TRAIN …

    Tentée par les « Bouts dchou » chevelus

    Imprégnée des premiers mots danglais,

    Nourrie par le rythme américain  

    Ces années-là

     

    Qui ont marqué le temps

    Prennent le temps du souvenir

    Des années tendres !

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  • « Divide et impera ! » (2)

    Chacun pour soi et personne pour tous

       

    C’est que, n’en déplaise au bon monsieur Hessel, il ne suffit pas de s’indigner, de protester ou d’essuyer une petite larme sur les dépossédés du fruit de leur labeur. Encore faut-il le faire tous ensemble, en bloc, comme la vague irrésistible formée de trillions de gouttes sans force propre, mais simplement réunies, ou celle que pourrait former l’ensemble des travailleurs contre la tyrannie des marchés et des politiciens opportunistes ou résignés soumis à leur loi. Pourquoi se contenter de descendre dans la rue, séparément, sporadiquement, par groupes de quelques dizaines, centaines ou milliers, voire dizaines de milliers, lorsque nous sommes des centaines de millions ? Divide et impera ! Les grands capitalistes et nos dirigeants à leur botte n’ont pas besoin de se fatiguer à nous diviser (dividere), donc pour régner (imperare), exploiter, réduire les peuples à la misère. Les travailleurs et leurs syndicats font ce qu’il faut pour cela d’eux-mêmes, en cultivant leurs particularismes, leur égoïsme, leur chauvinisme, leurs divisions, pour rouspéter chacun pour soi et personne pour tous. Un atelier métallurgique qui risque de fermer, et c’est tous les métallurgistes du pays, voire d’Europe, qui devraient se mobiliser, et non seulement les quelques travailleurs concernés.

    La misère, le désespoir, les suicides se multiplient dans toute l’Europe du sud, et nous pensons pouvoir en rester épargnés, comme le pensent, même là-bas, en Grèce, Italie, Espagne et au Portugal, les quelques individus qui voudraient tirer chacun pour soi leur épingle du jeu. L’Irlande, la France et l’Angleterre sont déjà attaquées, comme naguère la peste, éclatée à Naples, Marseille ou Séville, ne tardait pas à atteindre Londres, Luxembourg ou Copenhague. Avec la misère provoquée par l’austérité qu’exigent les marchés et qu’imposent les politiciens, réapparaît déjà massivement en Europe du sud le travail des enfants. Il avait pratiquement disparu d’Europe. Qu’attendons-nous dès lors pour exiger la valorisation du travail, la réévaluation de l’homme et la dévaluation de l’Euro ? Qu’attendent nos syndicats, qu’attend la presse populaire, pour appeler à une mobilisation simultanée et massive de toutes les forces réellement progressistes d’Europe ?

    La preuve est faite à présent en Grèce, pays martyr et cobaye de cette nouvelle politique mortifère, que ce matraquage financier est un désastre. Sa situation empire de jour en jour, son économie s’effondre et son endettement augmente vertigineusement au fur et à mesure que les milliards y sont injectés, comme dans le fameux tonneau sans fond des Danaïdes. Les économistes savent pourtant tous – et nombreux sont ceux qui n’hésitent plus à le dire – que seule une dévaluation massive de l’Euro, le ramenant au moins à sa parité initiale avec le Dollar, pourrait sauver l’économie européenne du désastre qui frappe aujourd’hui la Grèce et qui enfoncera demain toute l’UE dans la récession et la misère. Récession ? Mais oui, on vient d’annoncer que, mesurée sur la moyenne des pays de l’UE, elle a déjà commencé. Voulons-nous qu’elle devienne dépression, ouragan qui emporte tout ? Voulons-nous revivre la catastrophe des USA après 1929 ou de l’Allemagne début des années trente, dont naquit le nazisme, lorsque aujourd’hui, dans toute l’Europe, les extrêmes droites reprennent du poil de la bête, aspirent et poussent aux affrontements, donc aux guerres ?

    La question primordiale est : une dévaluation de l’Euro pourrait-elle encore sauver la donne ? Et la réponse est un oui, sans doute, mais suivi d’un mais. Car la mesure n’est pas suffisante en soi, et le remède pourrait se révéler à terme aussi létal que le mal, s’il n’est pas accompagné d’importantes meures de sauvegarde des droits et du pouvoir d’achat des travailleurs. Il faudrait donc, simultanément à cette dévaluation, prendre au moins certaines actions d’appui et compensatoires. Je pense, que dans un premier stade s’imposent... Une taxation sérieuse de toutes les transactions financières et maximale sur les profits spéculatifs, et ce, afin de réduire la bulle financière et de réorienter les capitaux vers l’industrie et les PME, investissements qui pourraient être au contraire partiellement ou entièrement détaxés.

    Des taxes à l’importation inversement proportionnelles au niveau salarial et de protection sociale des pays dont les marchandises et services sont importés, et ce, afin de lutter contre le dumping social pratiqué par certaines nations.

    L’introduction d’une indexation complète des salaires et retraites sur le coût réel de la vie dans toute l’UE ou, au moins, dans la zone Euro, et maintien des régimes de retraite au moins à leur niveau actuel.

    Les mêmes conditions salariales (notamment le SMIG) et prestations sociales dans toute l’Union Européenne, calculées en proportion du coût des biens et services dans les pays respectifs, ce qui rend l’établissement d’un système d’index comparés particulièrement utile, sinon indispensable.

    Il ne s’agit là – chacun l’aura compris – que de mesures d’urgence pouvant nous sortir du cataclysme dans lequel nous enfonce le système néolibéral, tout en ne remettant pas immédiatement en question le dit système. Une telle refonte me paraît pour l’heure difficile et, en tout cas, impossible à réaliser dans l’urgence, c’est-à-dire avant le début de l’écroulement du temple capitaliste dédié au dieu Mammon, que ces premières dispositions devraient accélérer.

    Attention, même un fois les pires avaries réparées, les trous calfatés et le bateau remis à flot, il ne sera pas apte pour autant à affronter les tempêtes de l’avenir. Il continuera en effet à toujours voguer sous le commandement d’incapables totalement amoraux et d’organisations dépersonnalisées, où personne n’est responsable, comme les grands groupes financiers ou l’OMS. Il faudra donc prendre des mesures plus sérieuses. C’est-à-dire, qu’il faudra harmoniser puis unifier les systèmes juridiques et sociaux des vingt-sept ou, du moins, de ceux qui voudront rester dans l’UE. Il faudra aussi remplacer ce comble de l’injustice sociale qu’est la TVA (1) par des impôts correspondants et progressifs sur les revenus et les profits. Je pense au type d’impôt Roosevelt (New Deal) qui permit aux USA de sortir de la crise, de devenir la première puissance économique du monde, d’affronter la guerre et de soutenir la reconstruction de l’Europe et du Japon. (2) Il faudra notamment que soit aussi mise en oeuvre au niveau de chaque nation une politique progressive de nationalisation des grandes unités industrielles de production, sans expropriation d’abord, mais par privation de l’action de tout droit décisionnaire et de vote, l’actionnaire continuant à percevoir les bénéfices de son capital (3), jusqu’à ce que l’état ne soit en mesure de le lui racheter s’il l’estime utile.

    ***

    1) Sur l’injustice scandaleuse qu’est la TVA, lire mon article détaillé en deux parties dans notre Zeitung vum Lëtzebuerger Vollek des 22 et 23.7.2005, intitulé « TVA : comment les États rackettent les pauvres », disponible à la rédaction, ainsi que la 2e partie de mon article « Les arnaques se suivent et ne se ressemblent pas » : « Taxe sur la valeur ajoutée, le vol légalisé » du 1.9.2011, en ligne sub www.zlv.lu/spip/spip.php ?article 5630

    2) ... En trois étapes, il (Roosevelt) fera passer progressivement le taux (maximal d’imposition) à 91%. En 1935, le » Revenue act » (...) remet à plat les règles d’imposition pour les hauts revenus. Les personnes gagnant plus de 200.000 dollars ( un million de dollars aujourd’hui) par an sont taxées plus fortement, à hauteur de 63%. La loi fut révisée en 1936, augmentant le taux à 79% puis atteindra 91% en 1941. Pendant près de 50 ans, les États-unis vivront avec un taux marginal d’imposition sur les très hauts revenus proche de 80% ... – Lise Tiano, Le Nouvel Observateur, 29.2.2012

    3) ... après avoir provisionné les réserves financières et les réinvestissements nécessaires au bon fonctionnement, à la modernisation et au développement de l’entreprise. Il est en effet inadmissible, que le bénéfice (pharamineux) d’un exercice soit distribué en dividendes, et que peu après (comme PSA Peugeot Citroën) on décide de fermer des usines, liquide des postes de travail, pousse à la faillite des dizaines de sous-traitants et à la fermeture un grand nombre de commerces et en appelle au soutien de l’état, donc du contribuable, parce qu’on n’a pas prévu une baisse conjoncturelle, pourtant pas rare dans le secteur.

    Giulio-Enrico Pisani

     jeudi 22 novembre 2012
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  • «Divide et impera !» (1)

    Un principe universel

       

    Le dicton «divide et impera», c’est-à-dire «divise et règne» ou, dans une version semblable, «divise afin de régner» (1), existe sans doute depuis les origines de l’humanité et même, semble-t-il, dans son application rudimentaire, chez certains animaux évolués. Environ trois siècles et demi avant notre ère, Aristote – en cela digne précurseur de Machiavel – conseillait aux tyrans de semer la défiance et la zizanie entre les citoyens, car la tyrannie ne pourrait se maintenir si les citoyens se faisaient confiance et s’entendaient. Effectivement, 18 siècles plus tard, Machiavel l’aurait conseillé à César Borgia, duc de Valentinois. Mais, déjà bien avant notre ère, la politique tant nationale qu’internationale de Rome, aussi bien république qu’empire, s’inspirait fondamentalement de ce principe, ainsi que la plupart des hommes de pouvoir connus à ce jour. Ce qui fit dire au sociologue anarchiste Proudhon (1809-65): «Divide et impera, divise et tu régneras; divise, et tu deviendras riche; divise, et tu tromperas les hommes, divise et tu éblouiras leur raison, divise et tu te moqueras de la justice».

    De nos jours, les bénéfices de ce principe dictatorial élémentaire ont étés hérités par les nouveaux seigneurs de l’économie et de la finance, qui ont remplacé les anciens rois et seigneurs de guerre, et en profitent sur toute la ligne. Autres temps, autres moeurs... et autre guerres... moins bruyantes, mais tout aussi meurtrières! Non qu’une bonne petite guéguerre classique ne puisse pas favoriser ci et là le business, mais les belligérants eux-mêmes n’en tirent désormais que rarement avantage. Pourtant, ce qui est le plus étonnant – véritable signe de notre époque de soumission collective à l’économie de marché –, c’est que les nouveaux marchands de faim, de discorde et de sang, que sont les grands spéculateurs financiers, n’ont même plus besoin de ruser, de trouver des expédients pour parvenir à l’appliquer, ce principe. Les moutons qu’ils tondent à longueur d’année, s’égaillent tous seuls dans toutes les directions. Et quoique tous sachent fort bien que «l’union fait la force», à commencer par ces organisations nébuleuses, à vocation semble-t-il plus pédagogique que combative, appelées syndicats, censés représenter et mobiliser les travailleurs, l’absence d’entente et de solidarité règnent partout en maîtres. Guère n’est donc besoin de maîtres pour si peu, ni de capitalistes cupides, de banquiers voraces, d’abominables exploiteurs, de financiers sans scrupules ou d’autres pères fouettards. La division entre les travailleurs fonctionne aujourd’hui toute seule, sans apport ni mauvaise volonté extérieure.

    Prenez ce 14 novembre 2012, amis lecteurs! Une date mémorable, que cette journée du «Non à l’austérité»? Date dérisoire, oui! Quasiment tous les médias européens informèrent lecteurs et auditeurs que, «pour s’opposer à l’austérité, les syndicats organisent une mobilisation sans précédent dans l’histoire européenne...» Sans précédent? De qui se paie-t-on la poire? À quoi sert d’annoncer «des manifestations dans presque tous les pays de l’UE, mais aussi en Suisse et en Turquie. Au sud du continent, où les politiques d’austérité sont les plus dures, l’Espagne et le Portugal seront paralysés pendant toute la journée, tandis que l’Italie observera une grève générale de quatre heures. En Grèce, interruption de trois heures, après deux jours de grève générale les 6 et 7 novembre...»? Et même «... en Espagne...» Oui, certes, mais les 800.000 manifestants de cette journée ne représentaient qu’un pauvre petit 2 à 3% des travailleurs salariés ou indépendants (et de leurs familles) durement frappés par la crise. «Ailleurs», a-t-on dit, «... des actions symboliques de solidarité ont lieu, notamment en Belgique et en Suisse, devant les ambassades des pays méridionaux...» Quid du Luxembourg? Passons! Au Marienländchen les moutons sont de toute façon bien dressés... à rester des moutons. Quant à nos syndicats, qui ne furent même pas fichus de s’unir il y a peu de temps pour une manifestation commune (contre le pillage des retraites) dans l’intérêt de centaines de milliers de travailleurs, que pouvons-nous en attendre? Je me trouvais place Clairefontaine le 17 octobre, ainsi que les camarades du parti, venus appuyer les syndicats. On a dit que la place était noire de monde. Il n’était en effet pas facile de circuler dans cette foule. Tu parles d’une foule! Un travailleur ou retraité concerné sur mille, et encore, je suis généreux. Sans parler du LCGB, dont les meneurs et les maigres troupes ont fait leur petit baroud privé à Niederanven! Chapeau l’intersyndicale!

    Quelle tristesse, que tout ça, lorsque les travailleurs sont en fait les membres les plus nombreux, les plus forts, les plus nécessaires de la société, ceux sans lesquels plus rien ne fonctionne dans notre – oui, employons le mot ! – civilisation. Car c’est en effet bien la civilisation humaniste préparée par les Lumières, accouchée dans la douleur par la Révolution française, par les Communes de Paris, Munich, ou Budapest, par la Révolution d’octobre, par mai 1968 et même par le réformisme progressiste des trente glorieuses, c’est bien elle qui est en péril. En effet, la désindustrialisation, le rabaissement – souvent même le mépris – du travail, la déshumanisation de l’économie, ainsi que la dictature de plus en plus oppressive des marchés financiers, la détruit à petit feu, notre civilisation. Et les travailleurs d’assister, attristés, râleurs, indignés, mais inertes, ahuris, impuissants, à cause de leur propre volonté d’impuissance, au désastre qui les menace, encouragés en cela par leurs syndicats, qui entérinent cette impuissance, l’avalisent, la favorisent même par leurs incessantes querelles, divisions et bornes tant corporatistes que nationales !

    Le fait que tout un chacun pense d’abord à soi-même et à sa famille est sans doute légitime. Mais de là à se dire que tel ou tel problème général ne le regarde pas, que ses élus rêveurs ou véreux, mais toujours impuissants, finiront par trouver une solution à sa place, il y a un pas trop vite franchi. Allo, il y a quelqu’un? Silence... enfin presque. C’est qu’il n’y a pas grand monde pour affirmer et surtout crier avec force, que nous sommes tous sur le même bateau en perdition, tous attachés à une immense cordée au-dessus de l’abîme. Dire qu’il y a des fous, par exemple au Luxembourg, pays dont l’immense richesse nominale ne repose plus que sur du vent, qui s’imaginent qu’il pourra tirer son épingle du jeu face au désastre qui frappe aujourd’hui l’Europe du sud. Et il n’y a personne pour se souvenir du naufrage du Titanic, fleuron de l’industrie et de l’arrogante puissance ouest-européenne de la prétendue Belle Époque, ni pour se rappeler du mensonge de ses fameux compartiments étanches. Le fait est que, en économie rien n’est jamais étanche, et ça, les grands spéculateurs l’ont bien compris, lorsque les travailleurs et leurs syndicats ne pratiquent, eux, la solidarité que de manière ponctuelle, anecdotique et toujours infinitésimalement dérisoire.

    à suivre

    ***

    1) Variante de ce principe, dicton, proverbe ou maxime qu’est «divide ut impera», (Divise, afin de régner), où le «et» qui définit une conséquence factuelle, est remplacé par ut, (afin de), qui exprime un résultante intentionnelle. En pratique, les deux versions se valent. Idem pour ce qui est de l’impératif «impera» qui peut indifféremment être remplacé par «regnes».

    Giulio-Enrico Pisani

     Mittwoch 21. November 2012
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  • Par trois, par deux les cartes sont distribuées aux joueurs, un valet de pique se retourne LA PARTIE DE CARTES . 

    En main, trois valets, le neuf et las de pique  

    Je ne suis pas la première du tour  

    Je rêve une fraction de seconde à lannonce qui viendrait si

    Mon voisin ne pouvait passer outre un valet !

    Pas capot dit-il, semparant de la carte  

    Et me voilà « gros Jean » comme devant !

    Je n’ai pas encore digéré cette partie de cartes manquée… 

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  • Money, Money... ça bouge chez nos voisins !

       

    Moyen d’échange et de comptage utile, inventé naguère pour remplacer le troc souvent lourd et peu pratique, l’argent n’est que la mesure abstraite d’une valeur d’échange. Il mesure la valeur travail d’une chose, valeur altérée de cas en cas par les rapports entre l’offre et la demande, mais il n’est rien en soi. Il n’est pas plus concret qu’une longueur ou un poids. Qui aurait l’idée de vouloir acheter ou vendre 100 mètres, 5 litres ou 12 kilos ? De quoi ? lui demanderait-on. Eh bien, c’est devant cette abstraction, cette fiction, qui ne représente rien en soi et qui aujourd’hui s’oppose au travail, lorsqu’elle avait été créée pour le valoriser, que s’inclinent aujourd’hui presque tous les chefs d’état, de gouvernement et autres responsables irresponsables.

    Certes, les rares chefs d’état ou de gouvernement soi-disant socialistes, en fait sociaux-démocrates, aux commandes, font parfois de leur mieux, compte tenu de leur allégeance au système. Mais que peuvent ces pauvres roitelets soliveaux à la Hollande, impuissants face aux dictats de l’OMC et de la Commission européenne, tous deux au service du grand capital international, dont ils ont accepté la tutelle ? Or, si l’OMC est une machine à favoriser les échanges internationaux injustes et que la Commission est son exécuteur des basses oeuvres pour l’UE, le grand capital international, auquel tout est désormais soumis, ne correspond plus à grand-chose. Les budgets de nations entières sont désormais dérisoires face aux centaines de milliers de milliards de dollars, Livres sterling, yuan, yen ou Euros, qui, abstractions boursières souvent sans répondant réel, dominent le monde. À cela « nos » socialistes version soft ne savent opposer que du compromis, du mou, de l’inconsistant et du fatalement nul, car ils acceptent un système néo-monétariste dans lequel ils sont nécessairement perdants face aux néolibéraux que l’humain indiffère. Cependant, à la base de ces partis sociaux-démocrates européens d’aucuns commencent à le comprendre et des voix s’élèvent en faveur d’un retour au socialisme authentique préconisé par Karl Marx dans le Manifeste du parti communiste, seule alternative viable aux déprédations du capitalisme sauvage, qui a érigé l’argent en credo absolu. Mais plus nombreux encore sont ceux qui, tout en ayant compris, hésitent. Ils ont constaté l’échec du libéralisme, mais, influencés par le matraquage de la presse et de la gauche bien-pensantes, ils espèrent naïvement encore que la social-démocratie pourra sauver notre civilisation de l’enfer monétariste où l’enfonce le néolibéralisme accepté par toutes les formations politiques dominantes. Et voici une « interview » (1) que m’a accordée Marie-Claude Leloire de Péronnes-Lez-Binche, près de La Louvière, zone où, à l’instar de tout le pays minier et sidérurgique franco-belgo-luxembourgeois, des centaines de milliers d’emplois (2) ont été sacrifiés aux jeux de poker menteur des grands capitalistes, des politiciens néolibéraux et des dictats de la Commission.

    Si je comprends bien, Marie-Claude, tu constates que nous vivons en Europe une situation de guerre larvée.

    Marie-Claude Leloire : Oui, pire qu’une guerre armée, la « politique » pratiquée par la plupart des pays du monde et par l’Europe entraîne d’autre formes de destruction plus insidieuses et, peut-être, irrémédiables.

    Exact, c’est pire qu’une guerre armée dans la mesure où l’espoir d’en sortir parait quasi-nul. Mais ne généralises-tu pas quelque peu ? Le monde... L’Europe...

    Marie-Claude Leloire : Peut-être, mais laissons les subtilités aux philosophes. Quand je dis Europe, je dis, bien sûr, la Droite qui la domine… Et quand je dis la Droite, je ne parle pas du libéralisme de la pensée dont elle se réclame, mais bien du lien au profit dont elle veut se doter !

    Tu mettrais donc tous les dirigeants politiques de droite dans le même sac ?

    Marie-Claude Leloire : Oui, tous. Mais la politique qui est la plus symptomatique et qui impose de plus en plus son optique néolibérale et monétariste est celle que conduit actuellement Angela Merkel avec ses banquiers, soutenue par la prédominance économique allemande. Elle tue nos industries, plonge les travailleurs dans la misère, empêche les états d’intervenir, détruit l’économie, rompt l’équilibre du commerce mondial, engendre des conflits sociaux, détourne les capitaux, crée un mal-être qui se généralise, nuit à tout essor, et ce au seul nom de ses intérêts prétentieux qui lui font croire à tort qu’elle est, elle avec son Allemagne et ses banquiers, la puissance qui domine l’Europe... et, partant, le monde.

    Elle n’est pourtant pas seule à agir ainsi. La faute de cette politique toujours moins humaine revient à la majorité des dirigeants européens, mais aussi à l’impuissance des forces de gauche, dont la majorité a trahi les idées marxistes pour les remplacer par... rien du tout.

    Marie-Claude Leloire : Oui, la non-politique pratiquée par la Gauche laisse trop croire à cette idée qu’il nous faut souscrire aux mérites du bien-fondé de la finance, que l’argent est le nerf de la guerre, que nous sommes soumis aux marchés, que notre manque d’équilibre budgétaire crée la spéculation sur nos dettes souveraines, qu’il nous faut assainir, qu’il nous faut obéir, être raisonnables...

    ... en étant les béni-oui-oui de la Droite, ou, au mieux, en appliquant une compresse par ci ou un placebo par là, en faisant semblant de s’opposer pour avoir l’air d’exister. Mais qu’a-t-elle encore la possibilité de faire, cette malheureuse Gauche ? Que pouvons-nous faire ?

    Marie-Claude Leloire : Cessons ce « petit jeu » de dupes, ouvrons les yeux sur le monde, voyons les capacités qu’ont les hommes à produire, les techniques qu’ils ont créées au cours de l’histoire pour améliorer nos vies, considérons le « bien-être » dont tout humain pourrait jouir ! Prenons conscience que nous devons à ce fin nous défaire de cette idée que tout s’achète et se vend, nous débarrasser de ce monstre que nous avons crée et qui échappe à tout contrôle, donc nous échappe : le monde de la finance quasi-dématérialisé qui génère la compétition du plus offrant... À ce titre il y aura toujours un plus pauvre qui offrira ses services pour survivre, tuant dans l’oeuf ce besoin impérieux qu’ont tous les hommes depuis leur apparition sur terre d’aller de l’avant ! La globalisation est hélas un fait. Comment éviter cette compétition sauvage, le dumping social aux dépens des travailleurs ? Comment éviter les termes d’échange désastreux imposés par l’OMC et les grandes multinationales ?

    Marie-Claude Leloire : La terre est si petite dans cet univers extensible. Nous serions la seule planète où la vie est possible et l’Homme le seul à penser son avenir. Voilà pourquoi l’argent n’est RIEN, rien qu’une idée pervertie par l’homme elle aussi, dérive qu’il nous faut enrayer si nous voulons dépasser les impairs de notre histoire ... Quand un principe est devenu si puissant qu’il tend à détruire ce pourquoi il a été créé, il faut le briser et le ramener à sa juste valeur.

    Et comment ?

    Marie-Claude Leloire : En le tournant en quelque sorte en dérision. Une possibilité serait de faire tourner la machine à billets. Inondons le marché d’argent jusqu’à ce que sa valeur baisse, redonnant à l’homme son goût à la vie, à la création, à son essor vers le mieux-être... comme il est depuis toujours...

    Voilà une idée qui mériterait d’être approfondie, Marie-Claude ! Mais à quelle échelle voudrais-tu réaliser cette inflation ? Et en as-tu mesuré toutes les conséquences ?

    ***

    Ainsi prend fin cet entretien, qui n’en est même pas vraiment un, et qui n’aboutit pas non plus à une vraie fin, car ce que propose par Marie-Claude est davantage indignation que solution. Reste toutefois le vigoureux témoignage d’un bouillonnement d’idées chez nos voisins, que les politiciens s’efforcent, tout comme chez nous, d’étouffer sous une avalanche d’inepties et de lieux communs proférés via les médias dominants. Ce témoignage n’apporte bien sûr pas de réponses pratiques, mais il va déjà au-delà de la simple protestation, du ras-le-bol, de l’impuissante revendication endéans le système. C’est le système lui-même qui est remis en cause. Ce n’est pas pour rien que le PTB-PVDA (Parti du travail de Belgique) a plus que triplé ses sièges communaux aux élections de 2012, en passant de 15 à 48 élus.

    Quant à nous, nous savons bien que (3), même si nos usines sidérurgiques ne rapportent pas à Mittal (4), aux Hedge funds et à d’autres spéculateurs les 15 à 30% annuels de leurs mises, elles sont parfaitement rentables. Aussi savons-nous que la seule réponse valable contre le désert industriel est leur nationalisation. Et si pour être européens, il faut voir crever les Grecs et les Espagnols la gueule ouverte... en attendant notre tour, nous préférons y renoncer, ou, pour le moins, refuser l’Europe qu’elle se définit actuellement. (5) Aussi me demandé-je si nous ne devrions pas commencer par exiger la démission en bloc de la Commission européenne et la dissolution du Parlement européen, qui représentent tous deux les intérêts de la grande finance plutôt que de peuples qui les ont mandatés. Bon, bon, ça va... Là j’ai peut-être été un peu loin. De quel droit présumerais-je en effet des décisions des directions des partis communistes et ouvriers européens ? Alors, amis lecteurs, mettons que je n’ai rien dit…

    Hmm… C’est que je n’en pense pas moins (eppur si muove !).

    ***

    1) Interview fictive ou virtuelle, autorisée par l’auteure et basée sur le billet qu’elle a posté sur http://crayons.eklablog.com/ le 26.10.2012.

    2) Plusieurs millions même, en tenant compte de l’impact indirect et global de cette désindustrialisation.

    3) Les socialistes et autres gauches édulcorées le savent aussi, mais préfèrent évidemment, faute de projet original, employer le manuel du petit secouriste, plutôt que le manifeste du parti communiste.

    4) Pourtant un authentique industriel au départ.

    5) Et c’est un Européen convaincu qui l’écrit.

    Giulio-Enrico Pisani

     jeudi 15 novembre 2012
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